Une société, soumise à TVA, dont l’activité principale consiste à acheter des immeubles qu’elle place ensuite en location, fait face à des difficultés : depuis 2 ans, elle n’arrive pas à louer certains de ses immeubles. Au vu de cette situation, l’administration lui demande de rembourser la TVA qu’elle a pu récupérer au moment de l’achat des immeubles concernés. A raison ?
TVA déductible et immeuble inexploité : à rembourser ?
En France, le système de TVA repose sur un principe : lorsqu’une entreprise est soumise à TVA, elle doit reverser à l’Etat la TVA qu’elle facture à ses clients. En contrepartie, elle peut récupérer la TVA qu’elle a elle-même versée à ses fournisseurs : c’est ce que l’on appelle le droit à déduction.
En principe, la TVA qui est portée en déduction est définitive. Toutefois, dans certaines hypothèses, l’entreprise pourra être contrainte de reverser cette TVA déductible à l’Etat.
C’est le cas par exemple en matière immobilière lorsque, suite à l’achat d’un immeuble, l’entreprise, qui a déduit la TVA au moment de l’acquisition, n’affecte plus cet immeuble à son activité (par définition soumise à la TVA). Dans cette hypothèse, puisque l’immeuble n’est plus générateur de TVA, l’entreprise doit rembourser tout ou partie de la TVA déduite.
En est-il de même lorsque ce défaut d’affectation résulte de circonstances indépendantes de la volonté de l’entreprise ?
C’est justement la question que s’est posée une société, soumise à TVA, dont l’activité principale consiste à acheter des immeubles qu’elle place ensuite en location (ou qu’elle revend). Au moment de l’achat de ses immeubles, elle a naturellement déduit la TVA payée.
A l’occasion d’un contrôle fiscal, l’administration s’est aperçue que certains des immeubles en question étaient vacants depuis plus de 2 ans. Puisque les immeubles n’étaient pas loués et ne généraient donc plus de TVA, elle a demandé à l’entreprise de rembourser la TVA déduite au moment de l’achat.
Ce que l’entreprise conteste, mettant en avant le fait que la vacance est liée à des circonstances indépendantes de sa volonté. Pour preuves, elle indique qu’au cours de ces 2 années :
- elle a conclu des mandats avec des agences immobilières chargées de trouver des locataires ;
- elle a réalisé différentes opérations de marketing : réalisation de plaquettes, création d’une liste de diffusion, d’un site internet, communiqués de presse, affichage de panneaux publicitaires sur les immeubles vacants ;
- elle a ajusté son offre commerciale en proposant des prix plus compétitifs.
Ayant tout mis en œuvre pour pouvoir louer ses immeubles, sans toutefois y parvenir, l’entreprise estime ne pas devoir reverser la TVA déduite.
Position partagée par le juge qui, au vu des circonstances, considère que l’entreprise a fait tout ce qu’elle pouvait pour remédier à la vacance de ses immeubles.
En conséquence, le redressement fiscal est annulé.
Source : Arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne du 28 février 2018, n°672/16